Les effets du changement climatique sur la santé
Le changement climatique est déjà une réalité en Auvergne-Rhône-Alpes et il impacte d’ores et déjà la santé humaine par des effets directs et indirects. Ces enjeux actuels sont aussi des défis d’adaptation pour demain.
Un contexte régional de hausse des températures, de vagues de chaleur et de nuits tropicales
Depuis 1961, la température moyenne annuelle a augmenté de +1,92°C en France et +2,06°C en Auvergne-Rhône-Alpes.
- À l’horizon 2050, la région connaîtra une hausse médiane de +2,3°C par rapport à la période 1976-2005, et +3,7°C à l’horizon 2100.
- Les étés pourraient être en moyenne 5°C plus chauds qu’en 1900.
- Le nombre de jours avec des températures maximales >35°C va fortement augmenter (jusqu’à 10-15 jours/an dans certaines zones).
- Les nuits tropicales (>20°C) deviendront la norme estivale dans le sud de la région, avec jusqu’à deux mois de nuits chaudes.
- Les vagues de chaleur seront multipliées par 5 à l’horizon 2050 et par 10 à l’horizon 2100, avec des épisodes plus longs (jusqu’à 60 jours) et plus intenses (+6°C par rapport à la référence).
Projections climatiques et hausses des températures locales | Document Météo France
La chaleur et ses effets directs sur la santé, mais aussi d’autres phénomènes et des effets plus indirects sur la santé
En 2023, 33 000 décès liés à la chaleur ont été recensés en France.
Les effets immédiats incluent : hyperthermie, coups de chaleur, déshydratation, maladies respiratoires, rénales et cardiovasculaires, effets sur la grossesse et la périnatalité.
Les personnes vulnérables sont particulièrement exposées : personnes âgées, sans-abri, femmes enceintes, personnes avec comorbidités.
A l’été 2024 en Auvergne-Rhône-Alpes, deux épisodes de canicule entre le 28 juillet et le 14 août ont conduit à près de 530 décès en excès, 2 200 passages aux urgences et 1 540 hospitalisations pour insuffisance rénale aiguë, décompensation cardiaque et ischémie myocardique.
Au-delà des hausses de température, l’évolution du climat est aussi marquée par d’autres phénomènes tels qu’une évolution de la pluviométrie et des phénomènes météorologiques exceptionnels. Ces risques, nouveaux ou renforcés présentent aussi des conséquences directes et indirectes sur la santé.
Des impacts indirects et émergents sur les maladies infectieuses, la pollution de l’air, la ressource en eau :
Sur le plan des maladies infectieuses :
- L’expansion géographique des vecteurs (moustiques, tiques) est favorisée par le réchauffement. Par exemple, tous les départements d’Auvergne-Rhône-Alpes sont désormais colonisés par la « moustique tigre » (aedes albopictus) et la multiplication de foyers de transmission autochtone de dengue, chikungunya et Zika sont identifiés depuis 2019.
- L’expansion de ces espèces, mais aussi l’érosion de la biodiversité participent aux processus biologiques complexes favorisant l’émergence de maladies infectieuses et notamment zoonotiques.
Pour la pollution de l’air :
- L’ensoleillement et les températures élevées favorisent la formation d’ozone et l’allongement des saisons polliniques impactant la qualité de l’air.
- Des hospitalisations supplémentaires pour des pathologies cardiovasculaires ou respiratoires liées à l’exposition à l’ozone, sont constatées, principalement chez des patients de plus de 65 ans.
Pour la ressource en eau :
- Les épisodes de sécheresse et de disponibilité réduite de la ressource en eau, l’augmentation de la température de l’eau induisent des risques de détérioration de la qualité de l’eau potable.
- La chaleur favorise le développement d’agents pathogènes (bactéries, micro-algues toxiques) dans les eaux de baignade.
- D’autres effets sur la santé sont liés à l’eau dans un contexte de changement climatique : risques accrus de noyades et d’inondations, déversement d’eaux usées induisant la dégradation de la qualité de l’eau, développement du risque de contamination à la leptospirose….
Des effets sur la santé mentale et psychosociale :
- Les effets directs des fortes chaleurs se manifestent par des troubles du sommeil, l’irritabilité, l’agressivité, voire la décompensation de troubles psychiatriques.
- Des phénomènes d’éco-anxiété liée à l’avenir de la planète apparaissent, notamment chez les jeunes, pouvant se trouver face à un sentiment d’impuissance.
Face au changement climatique : déterminants de la santé et vulnérabilités
- Les travaux thématiques de la COP portant sur la santé, visent notamment à prendre en compte des enjeux de santé-environnement car l’état de santé actuel et futur de la population dépend de facteurs environnementaux pour près d’un cinquième des déterminants de santé.
- Une attention est aussi portée, dans ces travaux, sur les populations le plus vulnérables, particulièrement exposées aux impacts du changement climatique, du fait de leur cadre de vie et de leur situation socio-économique.
- Enfin, le système de soins, contribuant aussi à déterminer la santé de la population, est aussi soumis aux évolutions climatiques qui perturbent l’organisation des soins et accroissent la demande en urgence et prévention
Face aux impacts sanitaires du changement climatique appelés à s’intensifier, la mobilisation collective des parties prenantes régionales est nécessaire. L’adaptation et l’atténuation sont deux leviers complémentaires déployés dans la démarche régionale de planification écologique. Certaines mesures d’atténuation, telles que le développement des mobilités actives ou la renaturation des espaces urbains, offrent aussi des co-bénéfices sanitaires immédiats et tangibles.
Lors des rencontres régionales, le Secrétaire général à la planification écologique régionale rappelle souvent que l’action n’est plus une option mais une nécessité ; en matière de santé cela s’applique spécifiquement, tant pour réduire les risques que pour renforcer la résilience des territoires, du système de soin et des populations.